Livret du Monde
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Règles
Les livrets de règles par culte seront mis à disposition après les pré-inscriptions
Les Dons Divins
Inspirations. Mots de Pouvoirs. Bénédictions. Runes.
Telles sont les puissances dont les Dieux gratifient les vrais croyants. Et quelle plénitude est atteinte lorsqu’un être empreint de Foi parvient à être touché par la grâce de son dieu, et à utiliser ses dons ! Lorsqu’un elfe tatoue une Rune sur le front de son frère pour qu’il soit valeureux au combat ; lorsqu’un deimon prononce les bons Mots de Pouvoirs afin de faire reculer ses ennemis ; lorsqu’un lamiane disparait dans les brumes en suivant son Inspiration ; lorsqu’un barbare forge une arme Runique pour la gloire de sa tribu ; lorsqu’enfin un titanien Béni son frère d’arme pour qu’il se relève de ses blessures : c’est là l’oeuvre des Dieux. Et nul autre nom que celui qu’ils ont transmis à leurs fidèles ne saurait rendre justice à la magnificence de ces Dons.
Les rites funéraires
Compte rendu de voyage : vingt-troisième récit.
Frères, voici ce que j'ai pu observer durant mon parcours. Ce vingt-troisième récit se concentrera sur un des sujets les moins traités, et pour cause, celui la mort.
J'ai voulu connaître comment chacun de nos cultes veille à ne pas la célébrer au nom du culte noir, mais en permettant au défunt d'être reconnu par son dieu.
Ainsi tel que je l'ai vu depuis ma jeunesse, le culte de Similius procède au
rituel suivant.
Le mort est amené sur un bûcher à l'heure de la Litanie. Ainsi, pour le faire briller de mille feux, nous enflammons le corps avant de commencer notre prière. Nous accompagnons notre frère durant ce qui sera la fin de sa vie sous le règne de la lumière.
Lors de ma rencontre avec les érudits du culte d'Eristia, j'ai pu comprendre qu'ils souhaitaient garder une trace du passage de leur membres sur cette terre. Pour cette raison, ils conservent leur mort sous terre et orne le lieu d'une stèle portant le nom, ainsi que la fonction, de la défunte personne.
J'ai eu la chance de connaître le rite que réalisent les adeptes du culte de Nadiir. Afin de ne pas laisser de trace du corps, ils ont pourvus leurs villes de nombreux tunnel souterrains. Ils y entreposent le défunt dans une alcôve prévue à cette effet. Les couloirs de ces tunnels n'en finissent pas et seule une personne connaissant parfaitement les lieux peut vous y guider.
Sur les terres barbares, ou du moins pour ceux suivant les préceptes de Voorl'ik, le rite funéraire ressemble fortement au notre. Cependant il se déroule lors du crépuscule, et est accompagné d'un énorme hurlement de la part de tous les participants.
Contrairement à leurs frère primaux, les suivants de Syrvana, préfèrent
rendre à la nature le corps de leur défunt . Ils ne laissent aucun ornement permettant d'en connaître le lieu. Le rituel peut se dérouler à tout moment de la journée, sans événement particulier.
Voici donc mes frères, ce que j'ai pu voir dans les différentes régions. Bien sûr certaines communautés peuvent quelque peu modifier certains codes, mais ils respectent l'essence.
Frère Pèlerin Nerem
Rapport sur Balheim
Archiviste Kleim, Rapport des éclaireurs 3ème jour après arrivée.
Rapport à destination e la délégation d'Eristia
Quel curieux lieu que Balheim... A des milles de ce que j'avais pu imaginer. Mais
comment pourrais-je vous le décrire ?
Tout d'abord il faut que vous sachiez que comme nous l'avions compris le seul
intérêt , ou l'atout majeur, de ce « petit » village est son emplacement géographique.
Niché au c ur d'une immense plaine et cintré d'une forêt oe dense et sombre remontant
jusqu'aux confins de la Forêt d'Hiver.. Voilà ce qu'il en est de la région de Balheim. Une
terre aux croisements de toutes les religions, des contrées de Similius et d'Eristia à l'est, aux baronnies de Nadiir au sud-ouest, sans oublier les terres sauvages sous la domination de Voorl'ik au nord-est et la grande forêt de Syrvana au nord. Rien d'autre à des lieues de distance.
Nous y sommes arrivés il y a trois jours de cela, délégation d'origines variées avec nos
envies et nos désirs pour cette place. Lorsque nous avons traversé le lieu-dit de Balheim
nous avons pris la décision de continuer notre chemin pour nous établir légèrement en
dehors de ce regroupement de chaumières au centre duquel trône un pauvre fortin de bois
et une tour de guet qui ne semblent guère menaçants pour d'éventuels ennemis. Notre but
étant avant tout ne pas trop perturber les autochtones. J'aurais aimé pouvoir vous les
décrire mais ils sont discrets et silencieux et noyé comme je suis parmi ce flot de
nouveaux visages j'ai bien du mal à les reconnaître. En revanche j’espère avoir
l'opportunité de leurs parler et ainsi d'enrichir mes récits de leurs légendes et de
peaufiner mes cartes avec leur connaissance de la région.
Notre campement commence à prendre forme et nombre d'entre nous souhaiterait voir
cette place déjà fortifiée et nos étendard flottant au dessus des murs, mais je ne doute
pas qu'une fois l'endroit sécurisé une foule d'artisans, de charpentiers et de maçons vienne
pour concrétiser ce dessein. D'abord oubliée de tous Balheim et sa maigre population, je
dirais quelques dizaines d'âmes tout au plus, semble sur le point de devenir le centre d'un
regroupement hétéroclite de paladins, de prêtre, d'archivistes, et tant d'autres castes. Je
pense que la délégation va compter plus d'une centaine de personnes tant depuis trois
jours le camp grouille de vie. Le travail abattu est déjà impressionnant et je ne doute pas
que les prochaines délégations trouveront dans cette nouvelle Balheim une place en
pleine essor.
Annonce du Prologue
Journal de Traas
"Il y a une différence énorme entre savoir et croire pourtant la conviction reste la même…"
Beden, grande archiviste d’Eristia
Journal du soldat Traas, 7 èm e phalange de Similius :
J’ai été choisi pour escorter le convoi vers l’avant-poste de Balheim, à mi-chemin entre les terres de l’Alliance et celles du culte de la rage et la nature ; je vais assister à la rencontre diplomatique la plus importante depuis la création de l’alliance ! Les chapelains eux-mêmes seront là, nos puissants dirigeants à côté de moi, incroyable…
Les gars dans les rangs parlent en marchant vers notre destination, il parait que des masques ont été vus au nord… Si Aarh revenait, le dieu de la mort, ça serait une catastrophe, mais il n’y a sûrement rien à craindre sinon nous serions plus nombreux. Les hérétiques aussi commencent à être pénibles, ils sont fous de ne pas croire alors que les Incarnas sont parmi nous ! Nous avons reçu un cadeau des dieux et eux crachent dessus sans le moindre remord ! Incroyable !
Je sers Similius le puissant dieu de lumière mais je sais aussi que Nadiir la nuit et Eristia la connaissance sont des dieux, j’ai vu leurs Incarnas !
Et la rage et la nature aussi ont des Incarnas !
Comment les hérétiques peuvent-ils ne pas croire ? C’est de la folie… Même la mort avait un Incarna autrefois, c’est un fait, ça ne fait aucun doute…
D’après le sergent Briquen, nous allons proposer aux sauvages de Voorl’ik et Syrvana de rejoindre l’Alliance, depuis le temps que nous affrontons les barbares voilà que maintenant nous allons parler avec eux… Enfin qui suis-je pour remettre en cause la décision du Théocrate, le dirigeant de toute l’alliance ?
La vérité c’est que la paix n’est pas aussi évidente à maintenir qu’il n’y parait. Mon grand-père me parlait souvent de la grande Enoria, la guerre contre Aarh où l’alliance fut créée pour vaincre notre ennemi, mon grand-père avait seize ans quand notre chapelain précédent a vaincu Murmure, l’incarna de Aarh. A l’époque l’Alliance prit un essor considérable, sûrement à cause de l’euphorie de la victoire. D’après mon grand-père, l’armée de Aarh portait des masques blancs, étrange je trouve…
Moi je suis un soldat, je suis là pour protéger la réunion, mais il y a des prêtres, des prophètes et des diplomates, ils vont avoir des discussions à
propos de l’avenir, du commerce, de la paix et encore pleins de choses bien trop compliquées
pour un soldat!
Moi, je sers l’alliance et Similius mon dieu avec le fer et la foi.
Résumé du Prologue - Inter-jeu
Rapport au Général Galkat
A l’intention du Général Galkat
Chevalier-Général Selundis
Général,
Je me permets de reprendre contact avec vous pour vous faire part des derniers événements concernant l’avant-poste de Balheim. Je sais que vous avez des hommes parmi nous et que leur rapport vous parviendra très rapidement, sans doute même avant celui-ci. Mais il est des choses qu’ils ne peuvent avoir perçues. Et c’est également à titre personnel que je me tourne vers vous.
Lorsque nous sommes arrivés à Balheim, encadrant la délégation d’Eristia, nous avons été attaqués par des Masques. Ils n’étaient qu’une dizaine et nos troupes, bien que novices, ont fait leur travail et nous les avons repoussés sans encombre. Mais nous ne nous attendions pas à les trouver si vite, ni si près de notre campement.
Nous parvînmes à nous installer tant bien que mal dans l'ancien avant-poste, où certains de nos intendants avaient commencé à dresser le camp. Moins de deux-cents âmes avaient pris place derrière ces minces fortifications, mais la population était si disparate que cela devint vite un événement. Surtout que peu ont encore en mémoire la dernière fois où tous les Chapelains se sont réunis en un même lieu.
Les heures suivantes furent rudes, mais exaltantes. Nous contenions les assauts des Masques, épars mais incessants, tout en tâchant de nouer des liens avec les autres cultes. Le Théoconsul envoyé sur place prenait peu à peu ses marques, demandant la participation de tous via des ambassadeurs, tandis que les débats habituels entre le jour et la nuit reprenaient leur pleine mesure. Les adeptes de Syrvana nous jaugeaient de loin, tandis que Mitrios se fit un plaisir de venir « saluer » Oreb.
Nos hommes tournaient un peu en rond, ne sachant par quel côté attaquer nos problèmes. Les patrouilles furent faites, les murs consolidés, les querelles apaisées et le Théoconsul escorté, mais la plupart d'entre nous se sentaient impuissants. Les attaques s'accrurent avec la nuit, et nos hommes démontrèrent leur vaillance une fois de plus, malgré le froid et la pluie battante. Nous eûmes des pertes, que nous veillâmes ensemble.
Je ne m'étendrai pas sur ce qui est survenu au sein des autres cultes, notamment celui d'Eristia, vos éclaireurs seront sans doute plus efficients sur le sujet.
Mais le matin du troisième jour, j'ai eu peur. Je fus terrifiée en voyant Oreb trembler.
Nous étions quasiment tous réunis dans la plaine, juste après l'annonce de l'entrée de Voorl'ik dans l'Alliance et de la nomination d'Andariel Faelswiir en tant que Chapelain de Syrvana, lorsqu'il arriva. Sans un mot. Grimm. Nous étions sous le choc, incapables de réagir à l'apparition d'un Elfe de la Forêt d'Hiver, à celle du Chapelain Noir. Comme à mon habitude, je m'en remis à mon Chapelain pour diriger mes actes. Sa peur décupla la mienne. Je n'avais jamais vu mon géant vaciller…
Grimm ne resta que quelques instants avant de disparaître à l'horizon, emportant avec lui une cohorte de Masques et Abanazar. Je vis la peur disparaître peu à peu des yeux d'Oreb, pour laisser la place à une résolution implacable. Je pouvais percevoir les plans et les stratégies qui se mettaient en place dans son esprit, et je ne l'interceptais pas lorsqu'il partit le lendemain. Grimm nous ayant laissé un an, il partait préparer la guerre à Fort Paladheim.
Les premières semaines passèrent comme dans un brouillard. Les Chapelains partirent les uns après les autres, regagnant leurs villes et leurs terres afin de faire connaître à tous les événements de Balheim. Nous, les seconds, restèrent sur place quelques temps, mais Esis Tyraël et la Grande Archiviste Beden finirent par rentrer eux-aussi. L'avant-poste s'organisa, devenant peu à peu un camp fortifié.
Nous étions épuisés, mais confiants dans nos forces, et dans notre capacité à mettre à profit les prochains mois pour bâtir des murailles et renforcer nos troupes. Nous œuvrâmes aux côtés des Parleurs et des Testeurs d'Eristia, ainsi qu'à ceux des soldats de la Nuit, cherchant à découvrir les failles de nos ennemis avant qu'ils ne nous submergent.
Mais les assauts des Masques ne cessèrent pas. Inlassablement, ils revenait, apportant la peur et le désespoir à chaque nouvelle ombre noire aperçue à l'horizon. Nous perdîmes énormément d'hommes durant ces premières décades, et le morale des troupe était en berne. Les renforts n'arrivaient pas et nous avions l'impression de ne bâtir que de châteaux de sable face à la marée du Silence.
Le Chapelain noir n'a pas tenu parole. Nous aurions dû nous y attendre. Lui qui ne prononce quasi mot, quelle valeur pouvions-nous accorder à cette « promesse » de trêve, qui n'était qu'une menace et un moyen supplémentaire de jauger nos forces.
Pendant que nous consolidions Balheim, les forces de Aarh donnèrent l'assaut sur le reste d'Enoria. Partout à travers notre monde, les armées de Masques ont déferlés sur nos places fortes, traversant nos plaines et nos forêts. Le monde tremble, mais nos âmes ne faiblissent pas. La guerre est ouverte, et rien n’entamera notre détermination à combattre l'elfe gris et ses hommes.
Oreb est parti à Hurlegivre afin de tenir le front principal au Nord, à l'orée de la Forêt d'Hiver. La majorité de nos troupes l'a suivi et en cela j'ai espoir.
Je sais que notre Chapelain n'a pas souhaité que vous l'accompagnez, ainsi puis-je vous faire parvenir cette missive dans la cité qui est nôtre.
Malgré les pertes, malgré les assauts, malgré l'assombrissement de notre avenir, Balheim devint.
Nous nous devions de faire vivre la communauté, les hommes et les femmes ayant choisi de rester en ce lieu pour le défendre et y veiller. La communauté de notre culte, mais également celle formé de toutes les âmes de Balheim. Les murs s'élevèrent, et la vie de la cité se mit progressivement en place. Des routes commerciales furent établies, principalement avec les cités eristiennes, nous posâmes les bases de notre intendance tout en songeant aux vivres dont nous allions avoir besoin pour rester en ce lieu. Les caravanes commencèrent à circuler, toujours sous notre protection, afin de désenclaver notre avant-poste, mais rares sont les voyages qui se passent sans encombre.
Le plus difficile fut sans doute de réaliser que nous devions nous débrouiller sans Beryl. La Théocratie a refusé catégoriquement l'entrée du Culte de la Rage dans l'Alliance, provoquant la colère de Mitrios et le dépit de tous les diplomates ayant œuvré en ce sens. Nous-mêmes, nous fûmes quelque peu malmenés par nos hautes instances, l'Intendance de Ligleheim refusant de ratifier les promotions que j'avais accordées lors des premiers assauts. Nous avons parfois l'impression que, malgré l'importance vitale de notre position, ce n'est qu'un point sur la carte pour le reste du monde…
Nous creusâmes des mines, ravivant nos forges jours et nuits. Avec l'Esis Tyraël, nous convînmes de nommer un responsable de jour et un responsable de nuit, chargés de superviser la protection de Balheim, et d'assurer, en se passant le relais à l'aube et au crépuscule, la continuité de nos défenses.
Mais elles furent brisées.
La ville n'est pas tombée, mais ce fut de peu. Nous reculâmes de quelques lieues dans les hauteurs, pour reconstruire nos fortifications dans un lieu plus aisé à sécuriser. Nous transportâmes l'intégralité de nos murs et de nos forces, mais nous perdîmes de nouveau des forces et de l'espoir.
Nous nous sommes organisés, à nouveau, et nous tâchons de mener une vie quotidienne la plus riche possible. Entre deux attaques de Masques. Nous avons besoin d'espoir, et de gagner cette guerre chaque jour qui passe.
Mais en nous installant au légèrement au Nord-Est, nous confirmâmes nos soupçons. Balheim a eut une histoire, bien avant la rencontre des six Chapelains. Cette terre regorge de secrets, de traces des civilisations passées et de découvertes pour notre avenir. Il y a quelques jours encore, nous avons entendu parler d'un vestige des Titans retrouvé par des érudits du Savoir.
Le commerce continue de se tisser, et bientôt la famille Hedmertes viendra ouvrir un comptoir dans notre avant-poste, apportant, nous l'espérons, de quoi améliorer notre quotidien.
Une missive m'est également parvenue, m'informant de l'arrivée de l'Inquisition. Il est vrai que nous avons eu à faire aux hérétiques descendus du nord à de nombreuses reprises, mais je ne pensais pas que Fort Paladheim détacherait une Phalange jusqu'à nous. Je connais leur rôle et je sais l'importance de leur mission. Mais je crains également le fanatisme qui ravage parfois les chemins par lesquels ils passent. Espérons qu'ils ne trouveront que des cœurs purs en nos rangs.
Général, nous avons besoin d'une nouvelle approche.
Notre armée est limitée en nombre, et nous n'avons que peu de marge de manœuvre. Ce que nous avons appris à l'académie perd parfois son sens face aux légions de Murmure. Nous ne nous battons pas contre des hommes, mais contre des masques et contre des morts. Nous tenons nos remparts, nous restons la première ligne face à Grimm et ses créatures, nous nous battons avec justice et vaillance. Mais nos lignes se brisent.
Nous devons faire tomber les leurs. Nous devons suivre quelqu'un qui n'hésitera pas à sortir des sentiers battus pour nous mener au cœur de la bataille. Mes Phalanges doivent croire en un homme qui leur apprendra à croire en elles. Je veille sur eux, jour et nuit. Et, grâce soit rendu à sa Lumière, Sigial nous éclaire toujours même, et surtout, en ces heures les plus sombres.
Il m'a été donné de rencontré deux hommes exceptionnels au cours de ma vie Général, deux stratèges à l'esprit brillant et à l'arme sûre, et l'un d'eux est à Hurlegivre. Vous et Oreb ne voyez pas le monde selon le même éclat. Mais toutes les sources lumineuses sont nécessaires dans les ténèbres. J'ai besoin de vous à mes côtés, avec le fer et la foi.
Par sa lumière, par son amour et par sa volonté, Similius me guide.
Votre obligée,
Selundis
Annonce de l'Opus I
« Souvent celui qui prétend enseigner est plus sot que celui qui essaye d'apprendre... »
Maître Marlund, érudit alchimiste.
Maître Telos fit quelques ronds de la fumée de sa pipe avant de s'adresser à sa jeune apprentie Lyndis avec un ton agacé :
«Te rends-tu compte jeune fille ? Crois-tu que la paix soit si facile à obtenir qu'on puisse se permettre de la rejeter comme si il s'agissait d'une poignée de figues ?!»
La jeune femme savait que lorsque son professeur commençait ce genre de soliloque en s'agaçant des rouages du pouvoir, il valait mieux le laisser finir et surtout ne pas le contrarier plus avant . Elle prit sur elle et afficha son air consterné afin de ne pas le courroucer davantage.
« C'est à grande peine que nous avons réuni les cultes en Balheim ! Faire entrer les adeptes de Voorl'ik dans l'alliance ne fût pas chose aisée !
Et ce maudit culte noir qui revient d'entre les morts avec un nouveau chapelain ! Ce Grimm ! Ce meurtrier ! Ce vil faquin ! Ce ce ce pleutre !!! Ce Maudit gibier de potence ! Nom de déesse !!! Je suis hors de moi !
Je l'ai pourtant bien stipulé dans mon rapport, le culte de Aarh est de retour avec à sa tête Murmure la silencieuse et le Chapelain noir Grimm, une armée de masques et bien d'autres périls tout aussi dangereux ! Et voilà que le Théocrate juge bon de refuser de valider l'alliance avec le Culte de la Rage ! Mais pour qui se prend il celui là ?! »
Lyndis se dirigea vers la table avec un verre de liqueur de prune et une pleine jatte de biscuits de dinailien. Elle posa le plateau à portée de maître Telos...
La réaction ne se fît pas attendre, l'érudit se mit à dévorer un à un les gâteaux avant de vider d'une seule traite la coupe d'étain ouvragée de son précieux nectar.
Mais comme de bien entendu, Maître Telos n'en avait pas fini avec ses vociférations :
« Il faut quand même que je t'explique comment ça s'est passé ma jeune apprentie, sinon tu ne peux pas comprendre pourquoi tout cela me révolte.
Figures-toi que nous avons fait une réunion extraordinaire de tous les Chapelains, en terrain neutre bien sûr, afin de parler de la paix et de mettre fin aux rumeurs parlant du Culte noir.
Toute cette affaire aurait pût se dérouler sans encombre mais dès notre arrivée nous fûmes sommés de livrer une jouvencelle pour une meute de garous particulièrement belliqueuse ! Puis les indépendantistes de Syrvana firent en sorte de saboter notre réunion, nous fûmes attaqués par les autochtones qui étaient en réalité des Masques du Culte de la mort ! Il nous fallu livrer bataille un nombre incroyable de fois, sans parler de la trahison de maître Abanazar ! Quand je pense que j'ai moi même appuyé sa candidature à l'académie de Denocurites…
En plus, comme si ça ne suffisait pas, nous avons échoué à découvrir une puissante formule alchimique qui aurait permis d'allonger la vie des géosiens ! Peste soit de toutes ces mésaventures ! »
Le Maître prit une grande inspiration avant de reprendre son monologue :
« Pour conclure, le retour du Culte noir est la pire des choses qui pouvait nous arriver, et c'est chose faite, il nous a donné un an afin de nous retirer des terres de Balheim. Mais cela n'a aucun sens, le Culte noir répand la mort, il ne prévient pas et surtout il ne laisse pas de délai ! Je suppute que Grimm ourdit un plan bien plus complexe et ce temps est en fait nécessaire à ses objectifs … J'ai essayé de convaincre le Théocrate du bien fondé de mon propos mais c'est un homme têtu et cette histoire d'alliance avec le Culte de la rage l'a rendu hermétique à toutes mes suggestions... »
Lyndis était maintenant debout et sa lassitude habituelle pendant les élucubrations de son maître s'était transformée en inquiétude, voire même en peur. Elle, dont la nonchalance s'était presque élevée au rang d'art, semblait maintenant prise d'une irrépressible envie de bouger en tous sens ! Elle prit un instant pour se calmer et recouvrer une pensée plus rationnelle, ensuite, elle vînt se rasseoir auprès de son professeur et prit elle aussi une coupe de liqueur.
Tournant son visage vers celui de l'érudit elle demanda :
« Maître Telos, si la menace est si grande et le conseil de Béryl si peu enclin à faire le nécessaire afin de contrer la menace, que pouvons-nous faire ? Nous ne sommes pas des Dieux, des Incarnas ou des Chapelains !
Qu'avons-nous devant tant de mal, et tant de violence ? »
Maître Telos reprit une goutte de prune et quelques bouffées de sa vieille pipe et regardant le symbole d'Eristia sur le mur il répondit avec morgue :
« Il nous reste encore deux choses ma bien jeune apprentie, deux choses essentielles à notre survie..
- Et quoi donc Maître ?
- Le Fer et la Foi... »
Résumé de l'Opus I
Rapport de la Grande Archiviste Beden
POUET.
Inter-jeu
Le voyage d'Aidarea
« Dire la vérité implique de savoir que l'on va mentir parfois sans même le savoir... »
Théoconsul Apenolia.
Aidarea marchait vite, elle savait que le conseil était en attente de son rapport. Il fallait qu'ils connaissent la situation générale du continent afin de prendre une décision.
Son armure de voyage était usée, ses bottes avaient pris l'eau et son sac était vide de toutes provisions, son voyage prenait fin aujourd'hui et il était temps...
Voilà presque un an qu'elle traversait les étendues sauvages et les villes de l'Alliance de part en part afin de collecter les nouvelles les plus secrètes et transmettre les ordres du conseil. Elle savait tout de la discrétion, elle pouvait devenir pratiquement invisible, dans la nature ou dans les cités. Elle pouvait n'être qu'une ombre, une silhouette de plus parmi la foule...
La double porte de la salle du conseil était ouverte à son arrivée. Les douze torches du couloir étaient allumées, cela voulait dire qu'il n'y aurait aucun absent, ils voulaient tous savoir ce qu'elle avait apprit.
Elle se positionna au cœur du cercle de la salle ronde, sur la stèle de pierre, elle prit en main son carnet de voyage et attendit que les sages de Pravalis l’interrogent .
Le sage Idrilar prit la parole en premier :
« Dis nous ce que tu as vu de l'évolution de la situation, nous devons savoir de quoi nous parlons avant de statuer sur l'avenir et les mesures à prendre. »
Aidarea prit une grande respiration et ouvrit son carnet de voyage, elle savait que l'avenir dépendait des paroles qu'elle allait prononcer...
« Membres du conseil, gardiens de nos traditions et de notre savoir, je parle ici devant vous.
Je suis allée en Béryl afin de savoir comment l'Alliance se portait, et j'y ai vu l'inquiétude grandir.
Il semblerait que la grande armée de Similius soit tombée au combat dans la forêt de l'hiver, le chapelain Oreb est mort. Un nouveau chapelain est en poste à présent, il s'appelle Tusk et il est déterminé à faire la guerre à tout les opposants à son culte. Du côté d'Eristia c'est stable, ils continuent leurs travaux et ils ont même crée une nouvelle arme. Le culte de Nadiir est par contre dans un flou absolu, le chapelain Mellimat semble ne pas appartenir au culte de la nuit mais à celui de la peur et de la folie. Nadiir n'a donc plus de chapelain et l'incarna Nocturne était maintenue en sommeil par Mellimat jusque là, elle s'éveille et nulle ne sait quelles seront ses volontés.
L'alliance a accepté en son sein le culte de la peur et la folie dont l'incarna est Effray et le chapelain Mellimat, j'ai tenté d'approcher ce culte et j'ai pu m'entretenir avec l'incarna en me faisant passer pour une des leurs, nous avons eu une discussion cordiale et à la fin Effray m'a demandé de vous saluer, j'ai eu si peur à ce moment là que je n'ai pas su quoi répondre. Il m'a fait donner des provisions et un cheval frais et m'a souhaité bon voyage... Je ne sais toujours pas quoi penser de lui ou de ses intentions.
Le culte de la rage a toutes les peines du monde à tenir la ligne devant le culte de Aarh à l'est et le front de la plaine des trois souffles à l'ouest, cette pression constante semble les affaiblir considérablement.
Le culte de Syrvana soutient celui de la rage dans cette guerre et donc ils ont les mêmes sujets d'inquiétude cela dit, ils pensent en plus que l'effort de guerre devrait être dirigé aussi contre l'alliance.
Le culte de la mort et le silence se regroupe pour attaquer au nord, Hurlegivre tombera sans doute bientôt je pense.
De plus, j'ai constaté que le chapelain noir Grimm ne dirige plus son armée, c'est maintenant un de ses généraux, un triangle rouge qui dirige. Je sais qu'il s'appelle Fauche-corps et qu'il suit à la lettre les enseignements de Murmure. Son fanatisme et sa maîtrise de la stratégie le rendent très dangereux.
Je n'ai pas été en mesure de savoir ce que Grimm, le chapelain noir était devenu. Je m'inquiète beaucoup de savoir ce qu'il cherche...
La nouvelle la plus étonnante est la réouverture des accès commerciaux entre Val Dal Modin et le continent, les villes d'outre mer semblent avoir levé l'interdiction de transite de la population et Port Dinaili regorge de nouveaux arrivants, la façon curieuse dont les gens de là bas voient la religion risquent de choquer plus d'un habitant du continent. Il semblerait qu'ils aient aussi obligation de culte, mais eux ne choisissent pas un dieu mais les prient tous selon les aspects de leurs vies. J'essaierai d'en savoir plus à leur sujet très bientôt.
La cour des Matrones de Tol Aarh Mares est en charge de la régence du culte de Nadiir en attendant le choix de Nocturne en ce qui concerne son chapelain.
Elles mènent une politique de commerce agressive. Elles prennent beaucoup de décisions en ce moment même afin de profiter de la régence afin d’accroître leur propre pouvoir.
Enfin je finirai sur Balheim, il s'avère que ce petit avant-poste soit le théâtre de bien des changements et de bien des conflits. Nous avions auparavant sous estimé son importance, c'était de toute évidence une erreur.
J'ai découvert que les ruines d'une ancienne ville titanienne se trouvait en dessous de Balheim. Elle était apparemment importante à l'époque des titans et recèle bien des trésors de cette époque. C'est là que les archivistes d'Eristia ont découvert la prison d'Effray, une arche. A priori ils seront bientôt à même de faire d'autres découvertes.
Cela coïncide avec le texte que nous avons découvert il y a dix ans sur les clés, je pense que la solution est là bas.
En espérant avoir pu vous aider sur le chemin à prendre pour notre avenir à tous. Je me tiens à vos ordres pour repartir dès que possible. »
Les anciens prirent un moment avant de répondre à la jeune femme. Puis maître Tamila prit la parole :
« Merci à toi, ton travail sur le terrain est extraordinaire et va nous permettre de savoir comment nous devons réagir.
Je suis heureuse d'être celle qui t'annonce que nous te nommons protectrice de la cité cachée. »
Aidarea sentit son cœur se briser, sa gorges se serrer mais elle se reprit rapidement.
« Et maître Rauffauss ? »
Tamila reprit la parole :
« Il nous as quitté pour combattre les démons de son passé, nous avons reçu une missive de son second, il est mort en tentant de ramener son disciple dans le droit chemin. Je sais qu'il était ton mentor, nous sommes désolés... »
Aidarea serra les dents un instant, regarda son épée et releva la tête :
« Rauffauss était le protecteur de la cité cachée, il est de mon devoir d'honorer sa mémoire et de répondre à votre demande. Je vous remercie de votre confiance. »
Aidarea quitta rapidement la salle du conseil, elle était maintenant en charge de l'armée de la cité cachée, elle était celle qui devait assurer la protection de ceux qui ne vivent pas sous le joug des dieux, elle était devenue la protectrice de Pravalis...
Annonce de l'Opus II
La croisée des chemins
« Le guerrier qui meure au nom de la vie n'est pas plus valeureux
que celui qui vit au nom de la mort... »
Fauche-Corps, Triangle rouge, Général de l'armée des masques
La taverne de Feudefroid était bondée de voyageurs, de marchands, de villageois et de ribaudes. On y servait un hydromel de qualité certes discutable mais l'endroit ne manquait pas d'ambiance. Les discussions y étaient joyeuses et conviviales, on fêtait ici la nomination du chapelain Tusk en ce premier jour du mois des semis.
Viguille, solide gaillard, tenait son comptoir d'une main de maître et pourtant il trouvait toujours le temps de discuter avec ses clients. L'étranger qui lui faisait face avait commandé un plat de fève et une simple miche de pain, et avait demandé de l'eau ; et c'était fort rare que quelqu'un demande de l'eau dans cette bourgade. Rualheim était connue comme la ville la plus soiffarde et la plus bruyante des provinces de la lumière de Similius.
Alors, lorsque la frêle silhouette enroulée dans sa cape avait demandé un pichet d'eau, Viguille avait tout de suite tenu à comprendre pourquoi boire quelque-chose de si fade ! Même les gens de Voorl'ik et Syrvana faisant une brève halte par chez lui ne buvaient pas d'eau !
« Mon bon seigneur, vous n'êtes ni un cheval ni un frère du repentir ! Vous devriez vous laisser tenter par une boisson plus corsée que ce pauvre pichet d'eau clairette ! »
L'homme prit un moment avant de répondre et regarda la mine rouge du tavernier.
« J'ai soif, je préfère l'eau pour me désaltérer... »
Viguille, en bon commerçant, lui répondit :
« Avoir soif c'est une chose mais boire de l'eau quand même ! C'est un jour de fête ! Je vous offre une pinte ! Allez à la gloire de Tusk ! »
L'étranger prit la pinte de bière de feu, spécialité des tavernes similiennes, et porta la choppe d'étain à ses lèvres. D'une traite, il avala l'intégralité du breuvage. Viguille se mit à rire à gorge déployée.
« C'est vrai que vous aviez soif ! Alors, vous renoncez à votre pichet d'eau ? »
L'étranger ne répondit pas, occupé à finir ses fèves. Il emballa tranquillement son pain dans un chiffon et le glissa dans son sac. Il prit ensuite un instant pour regarder les gens ripaillant et riant dans la taverne, des voyageurs de Nadiir commerçant avec des émissaires d'Eristia au milieu des réjouissances similiennes, avant de ramener son regard vers le bon tenancier au regard joyeux.
« Votre bière est très bonne et les fèves étaient bien cuites, c'est la soirée la plus agréable que j'ai passé depuis bien longtemps... »
Viguille fût encore une fois surpris des propos de son client. Et rien, à part peut-être l'annonce de l'apparition d'Effrai, ne le surprenait plus depuis longtemps.
« Vous dites qu'une bière et un plat de fèves suffisent à faire pour vous une bonne soirée ? Vous devez venir d'Hurlegivre pour penser une chose aussi folle mon pauvre ami ! »
Le voyageur avait finit de préparer son départ, il mit quelques pièces sur le comptoir pour s’acquitter de son repas. Il salua le tavernier d'un hochement de tête et prit le chemin de la sortie.
Alors que l'homme allait rejoindre la porte, Viguille le rattrapa.
« Mon seigneur part déjà ? Rien ne presse ! »
L'étranger répondit : « Je dois me rendre en Balheim, je suis pressé. »
Le tavernier le regarda interloqué, puis il reprit :
« Vous ne devriez pas aller là bas mon bon seigneur, il y a la guerre, et vous m'avez l'air un peu frêle pour la bataille ! »
L'étranger parut un peu surprit par la sollicitude du tenancier rondouillard.
« Je n'ai pas vraiment le choix, je vous remercie de m'avoir mis en garde, je ferai attention... »
Il passa la porte pour se retrouver dans la rue assombrit par le règne de Nadiir. Viguille passa la porte à son tour et le héla :
« Monseigneur, dites moi au moins votre nom et si j'ai vu juste, vous venez bien d'Hurlegivre ?
L'étranger, fit volte-face et regarda un instant le tavernier, se découvrant de sa capuche et laissant paraître son visage fin, sa peau grise et ses oreilles pointues.
Il planta alors son regard d'acier dans les yeux noisette de Viguille déjà inquiet de découvrir ce visage d'elfe gris.
« Je viens de plus haut... »
Viguille voulu reculer mais un mur le coupa dans sa retraite pendant que l'elfe prenait la route.
« Vous êtes... »
« Je suis Grimm... »
Le Solstice d'été
Lorsque le soleil est au plus haut, lorsque la Lumière resplendit sur tous durant le plus grand nombre d’heures, lorsque Ses rayons illuminent les coeurs et les âmes, alors est célébrée la plus grande cérémonie du Culte.
Du lever au coucher du soleil, dix-huit heures durant, des louanges s’élèvent vers les cieux et la joie se répand parmi les fidèles. Dès l’aube, les hommes et les femmes de Similius revêtent leurs plus blanches tenues et s’offrent breuvages et pâtisseries pour placer ce jour sous le signe du partage.
En milieu de matinée, le Grand Défilé commence. Viennent tout d’abord les soldats, vaillants combattants, marchant au rythme des battements de coeur de la foule. Des plus novices aux plus réputées, les Phalanges s’alignent dans un ordre impeccable. A l’intérieur de chacune d’elles, les gradés mènent leurs hommes comme leurs fils et leurs Frères. Derrière eux marchent les prêtres, resplendissant dans leurs habits de Lumière. Des diacres aux Réclusiarques, ils bénissent la foule des croyants venue rendre hommage à leurs protecteurs. S’alignent ensuite les paladins, reflétant chaque rayon solaire sur leurs armures étincelantes. Symboles de la puissance du Culte, ils veillent sur leurs Frères car ils se savent semblables. Marchant du même pas que ses hommes s’avance alors le Chapelain, entourés de ses Généraux, soldats et Chevaliers. Oreb traverse Ligleheim parmi ses troupes, suivant la même direction et la même voie.
Ce qui peut surprendre un visiteur la première fois qu’il assiste au défilé du Solstice, c’est que derrière le Chapelain, ses pieds nus sur la chaleur des pavés, marche Sigial, Incarna de Lumière. Simplement entourée de ses suivantes, elle offre son aura à ses fidèles. Nulle parole n’est nécessaire pour que se dispensent son amour et sa sagesse.
Un espace sépare la déesse de la cohorte des Frères du Repentir qui la suivent, les yeux rivés sur le sol. D’aucuns pourraient s’étonner que ces hommes qui ont perdu toute lumière participent à ce rassemblement. Mais malgré leurs faiblesses, ils se battent sans relâche au nom du Culte et mérite que la foule connaisse leurs visages. Il en est de même pour les Pèlerins, ces Frères et ces Soeurs qui ont quitté les rangs pour comprendre le monde afin de mieux le protéger. Menés par la Chanoinesse, ils participent, sans doute plus par protocole que par envie, à ce défilé rassemblant chaque élément du grand tout de Similius. Veillant sur ses voyageurs, Soeur Selundis maintient leur lien sacré avec l’armée.
Lorsqu’enfin l’astre entre au firmament, les fidèles, d’une seule et même voix, entonnent la Grande Litanie. Une heure durant, les voix de Sigial et d’Oreb se mêlent à celles de tout Similius. Les corps, les coeurs et les âmes de tous les croyants vibrent au rythme du soleil.
Une fois la Cérémonie terminée, le calme se fait sur l’esplanade pour entendre la Bénédiction de l’Incarna. Elle cède ensuite la parole au Chapelain qui annonce les volontés du Culte pour cette nouvelle année de Lumière.
Tandis que la déesse se retire, tous sont invités à un banquet monumental, qui durera une grande partie de l’après-midi. Une fois les libations officielles achevées, Oreb donne quartier libre à ses hommes jusqu’au coucher du soleil.
Commence alors la grande Fête des Feux. Chaque homme et chaque femme du culte, peu importe sa fonction ou son rang, peut offrir à la foule démonstration de ses talents d’orateur, de jongleur, de combattant, de musicien ou d’acrobate. Tandis que l’alcool coule à flots, des joutes de toutes sortes sont organisées : verbales, équestres, combats à mains nus ou dansés, tout est propice à une explosion de joie sous le soleil de fin d’après-midi. Les champs de blés fleurissent de couples rieurs et les tavernes débordent de jeux et de musique.
A l’approche du crépuscule, tous se rassemblent sur la grande esplanade pour brûler le Silence. Chaque année, c’est à la personne à qui Oreb veut rendre gloire qu’est donné l’immense honneur d’enflammer la gigantesque structure de bois et de paille. Je me souviens de la lueur dans les yeux de Selundis le jour où Oreb, par ce geste, a fait d’elle son bras droit. Lorsque s’embrase le Silence, tous sont invités à lancer leurs messages pour l’année future dans les flammes pour que celles-ci les portent jusqu’à l’Astre. Les cris de joie emplissent l’air, mêlés aux prières et aux louanges, réchauffant les coeurs comme le feu réchauffe les corps. Autour des autres feux, danses, chants et acrobaties s’improvisent et s’enflamment. Certains jeunes gens se lancent dans des triples sauts au-dessus des flammes, tandis que les plus anciens scandent le rythme de leurs mains et de leurs voix.
Et, tandis que le crépuscule s’installe sur les braises encore rougissantes, le peuple de Similius quittent les rues pour passer la fin de soirée en famille ou continuer les libations entre amis.
Pendant ce temps, au Temple, Sigial veille cette première nuit, guettant, sereine, l’arrivée d’une nouvelle aurore.
Fêtes des Équinoxes
Lorsque les plateaux des heures s’équilibrent comme ceux de la juste balance, toutes les bibliothèques s’ouvrent et tous les érudits posent leurs plumes. L’Equinoxe est la journée du libre esprit et de la verve sans entrave, de la parole sans tabou et des défis intellectuels.
Deux fois l’an, les fervents d’Eristia se permettent de refermer leurs grimoires pour respirer un air autre que celui des vieux parchemins. A cette occasion, de grands débats sont organisés sur les places, et chaque scène est ouverte. Les érudits boivent plus que de raison et les apprentis se permettent de dire à leurs maîtres qu’il y a des erreurs dans leurs travaux. Les archivistes se mêlent aux profanes en leur révélant de vrais-faux secrets et les alchimistes font de leurs explosions un spectacle. Les plus sages deviennent les plus fous, et les simples d’esprit sont élevé au rang des sages. Les voix des poètes emplissent les rues et les chants canoniques deviennent grivois.
Nulle horloge ne vient sonner les heures, nul conseil ne donne son avis. L’effervescence s’empare des esprits, avant de toucher les corps et les sens. Les quêtes perpétuelles de connaissance deviennent parfois plus charnelles, et les secrets se dévoilent dans le froissement des draps. C’est le jour de tous les projets, même les plus fous, le jour où l’on décide de partir explorer le monde jusqu’à la prochaine Equinoxe.
Au lever du soleil, l’on lit les grands auteurs depuis son balcon ou sa terrasse ; à midi, on proclame des tirades dithyrambiques comiques ou tragiques ; et au crépuscule, on ose enfin chanter ses propres vers et sa propre prose. De grandes danses sont entamées à travers les rues et les enfants ont la permission de courir dans les corridors des grandes bibliothèques. Si d’aventure il lui en prend l’envie, Aspériane sort mener le bal, tourbillonnant dans ses grandes robes et offrant la chaleur de sa voix à la foule.
La nuit entière n’est que libations en hommage aux arts et aux artistes, oscillant entre fêtes profanes et cérémonies d’initiés. Les fenêtres sur les esprits s’ouvrent par d’autres biais que l’étude, laissant les souvenirs brumeux mais les idées iridescentes.
Quand vient l’aube, la Grande Archiviste referme une à une les Portes à Clés, avant de faire sonner la grande cloche qui ramènera à leurs études tous les érudits et à leurs rands tous les apprentis, et qui résonnera dans leur crâne toute la journée ?
Deux fois l’an, les Portes s’ouvrent, les savoirs sortent mais jamais les secrets ne s’échappent.
Le Rassemblement de l'Ours
C’est lorsque la lune devient rousse et que les jours se font froids qu’à lieu le grand Rassemblement de l’Ours. Toutes les tribus barbares des terres connues se réunissent au centre des grandes plaines d’Ulvur pendant la saison des vents, pour troquer histoires et fourrures, exploits et venaisons avant l’arrivée de l’hiver.
Des lunes entières, chaque tribu a parcouru les vastes terres pour chasser de nouveaux gibiers et défendre leurs territoires contre les soldats et les sauvages. Au coeur de l’hiver, chacune se retrouvera dans son campement, sa tanière, pour boire autour du feu et défendre leurs territoires contre les soldats et les sauvages. Le Rassemblement de l’Ours est l’occasion de se retrouver mais surtout de s’affronter dans l’Arène. Les plus valeureux barbares ont démontré leurs talents de combattant face à leurs ennemis et vont à présent pouvoir honorer Voorl’ik face à leurs frères.
Les festivités de la plus grande fête barbare de l’année débutent avec les hommages des tribus au Chapelain. Un par un, les chefs barbares viennent lui offrir un produit de leur chasse, en souhaitant avoir l’honneur de l’affronter dans l’Arène. Si elle est présente, ils saluent ensuite Vioor’la, que ce cérémonial ennuie. Ou amuse, selon l’heure. S’ouvre ensuite le grand échange, où toutes les tribus se mêlent pour commercer et se transmettre les informations des quatre coins des steppes. Les alcools coulent à flots tandis que d’immenses pièces de gibiers grillent et rôtissent aux dessus des feux.
Puis vient le début de l’Arène. Chaque tribu envoie un champion, généralement le chef, en affronter un autre, sous l’oeil du Chapelain. Comme le veut la Tradition, chaque combattant dépose un objet personnel dans le panier du juge, qui en extraira deux pour désigner le prochain affrontement.
Les deux barbares s’approchent alors, saluent leur Incarna d’un hurlement de rage avant de se jeter dans le combat. Dans l’Arène tous les coups sont permis. Mais il n’y a aucun honneur à tricher ni à frapper un ennemi à terre. Et lors du Rassemblement de l’Ours, rien n’est plus important que l’honneur. Parfois la Reine Hurlante entre dans l’Arène, et c’est une immense fierté que de tenter de l’affronter.
La journée avance au rythme des combats, tandis que les autres membres des clans mangent, boivent, jouent et chantent à travers la plaine. Lorsque le barbare le plus fort et le plus valeureux a triomphé de tous ses adversaires, les tribus entrent dans une folle liesse, faite de cris et de rires, de danses et de tambours. Cet éclat passé, le nouveau champion se présente au Chapelain, afin de le défier. Le silence se fait peu à peu, avant d’être brisé par le martèlement rythmé des mains et des pieds frappant une cadence de plus en plus soutenue. Plus longtemps dure le combat, plus grande est la gloire du champion. Il arrive même parfois que certains parviennent à toucher Mitrios. Alors toutes les gorges laissent échapper la même puissance, la même rage, et reconnaissent à nouveau leur Chapelain comme l’élu de l’Incarna mais également comme le plus puissant d’entre eux. S’en suit un immense banquet, où la graisse et l’alcool se mélangent dans les cris et les rires.
Autour des feux, certains anciens entament les grandes veillées pour transmettre aux plus jeunes le savoir de leur peuple. En cet instant où jour et nuit sont égaux, les histoires deviennent vivantes au coeur des flammes.
Le Solstice d'Hiver
Si par erreur un jour, ou plutôt une nuit, tu t’égares au coeur des Baronnies, tâche d’en connaître les us et les coutumes. Surtout si tu t’y rends lors de la Nuit la plus longue…
Au commencement de l’hiver, lorsque la lumière s’efface enfin pour laisser place à l’ombre, le Grand Jeu peut débuter, entrainant dans son sillage les pantins et les marionnettes de toutes sortes. S’ouvre le grand bal des masques et des sourires, des joailleries et des riches étoffes.
Tout commence au Crépuscule, lorsque s’éveillent les sens et s’ouvrent les appétits. Les fidèles de Nadiir sont alors conviés au Temple afin que leur soit délivrées les divines visions de Nocturne. Enoncées par les oracles et la Sybille en personne, les prophéties issues des rêves de la déesse émerveillent et enchantent les siens pour les douze Lunes à venir. Les chants sacrés emplissent les colonnades et se laissent porter par la douce brise qui fait danser les voilages bleus et pourpres.
C’est durant ces heures que nombre de profanes et de prophètes trouvent leurs grandes Inspirations. Au gré des allées et des ruelles, les oracles et les pythies répandent la parole de la déesse et interprètent les rêves de tous les mortels. Car cette nuit la plus longue est tout entière inspiration, et le peuple de Nadiir est tout entier au bord de la transe. La plupart des Prophètes attendent cette nuit pour communier avec les étoiles, non pas en laissant aller leur corps sur les ondes de la musique, mais pour laisser aller leur esprit sur les fleuves des brumes et des effluves. Déliés de leurs attaches, ils s’illuminent sous le clair de lune et ramènent de leurs voyages immobiles l’essence même de leur croyance et de leur art, des visions à la fois pures et troubles, claires et nébuleuses. Le matin les trouvera l’esprit et le corps embrumés, ne se souvenant pas de cette nuit mais avec en mémoire des images plus vivantes qu’un souvenir.
Toutes les rues appartiennent à la nuit, et la nuit appartient à tous les passants. Deimons et garous, humains, lamianes et drows se mêlent pour faire étalage de leurs arts sous la lueur des étoiles. La foule bigarrée évolue dans les chants et les danses, dans les théâtres et les musées, dans les boudoirs et les salons. Les tavernes débordent de clients comme les fumeries débordent d’opium. Des jeux de cartes, de dés et de corps débutent dans les maisons closes et les tripots tandis que la nuit avance.
Est également donné, dans chaque maison noble, un immense banquet réunissant les notables de l’année, goûtant grands crus et mets raffinés au milieu d’un ballet de serviteurs.
C’est également l’occasion pour le Cercle des Immortels de célébrer cette nuit en compagnie de Mellimat. A ce repas ne sont admis que les plus éminents lamianes, et même votre serviteur ne sait ce qu’il s’y murmure. En parallèle, chaque Matrone a une façon personnelle de rendre hommage à la
déesse. Certaines accordent exceptionnellement des privilèges à leurs mâles, tandis que d’autres profitent de cette nuit pour assouvir encore d’avantage leurs désirs.
Mais tout s’efface, ou plutôt tout se dissimule, lorsque vint l’heure du Grand Bal. Sous les masques et les soieries, qu’importent la caste et la race. Si vous êtes entrés dans le domaine du Chapelain, c’est qu’il vous en a jugé digne. Ou que cela sert ses desseins.
La musique envahit alors les rues, et toutes les portes s’ouvrent. Chacun, derrière son masque, est libre d’aller où bon lui semble et de faire ce qu’il lui sied. Dans la foule, les corps se rapprochent et les sens s’enivrent. Des déclamations s’élèvent, rime après rime et verre après verre. D’aucuns prétendent que parmi les râles ce cette nuit, certains poussent leur dernier. Les galeries d’art regorgent de visiteurs, mais certains se lovent à plusieurs dans les alcôves plus qu’ils n’admirent les oeuvres de maîtres. Les intrigues et les complots se nouent et se dénouent au même rythme que les corps, les lèvres délivrant messages et baisers, les mains caresses et colis. Les poignards jouxtent les éventails et le vin ruisselant sur le sol se mêle à d’autres flux.
Alangui sur son trône, entouré des plus magnifiques, et des moins vêtues, créatures de la soirée, le Chapelain de la Nuit est le seul à ne pas porter de masque. Buvant et mangeant plus que ses hôtes, il observe la foule comme on regarde une scène. En retrait, légèrement dans l’ombre, son bras droit veille. Si vous l’apercevez, soyez tranquilles. Car c’est quand il se soustrait à votre vue qu’Esis Tyraël est le plus dangereux. Maître assassin et maître des ombres, chacun de vos mouvements lui est connu. Il est les yeux et les oreilles, mais également la voix, de Mellimat.
Plus la nuit avance, et plus les perceptions se brouillent. La viande, le vin et la luxure coulent à flots, sous l’oeil lointain du Chapelain. Dans une des chambres du manoir dort la Rêve-Monde, tandis que dans toutes les autres, son peuple met en oeuvre ses fantasmes.
Lorsqu’enfin vient l’aube, les rares corps encore en état sortent sur les terrasses pour huer ce soleil trop vif, avant de retourner s’alanguir dans le stupre des coussins.
Sur un signe à son ombre, Mellimat quitte alors la scène.
Rites de la Renaissance
Il est un instant dans l’année où le monde s’éveille. Où chaque être, chaque esprit s’ouvre à nouveau au grand tout pour croître parmi les siens. Ce jour est nommé par les adeptes de Syrvana « Renaissance ». Lorsque les jours sont à nouveau plus longs que les nuits, le peuple de la forêt est appelé à accompagner le réveil de la Nature par des rites sacrés et par une grande célébration regroupant meutes, tribus et clans. Lors de ces rites, même les chamans qui vivent solitaire au coeur de la forêt, au plus proche de leurs esprits, rejoignent la meute de l’Incarna.
A l’aube, chaque conscience se tourne vers l’astre en remerciant Syrvana de l’inonder de sa chaleur. Puis vient le temps du Grand rassemblement, où tous les peuples de Melitis échangent secrets et merveilles, entendues, vues ou trouvées dans la Grande Forêt. Les histoires que la tradition orale maintient vivaces sont à nouveau racontées et entendues en ce lieu. Rapidement l’on se regroupe par savoir-faire, pour partager et apprendre auprès des siens. Dans toute la forêt environnante sont installés des carillons de bois, qui tintinnabulent au gré de la brise.
Lorsque la lumière a totalement emplie la voûte des arbres centenaires, arrive l’heure des offrandes à Syrvana. Chacun est appelé à donner une part de soi pour accompagner ce nouveau cycle : une goutte de sang, une mèche de cheveux, quelques larmes, afin de faire partie intégrante de Syrvana. Chaque enfant né dans l’année se voit ensuite lier par l’Incarna à un être végétal et à une créature animale de la Grande Forêt qu’il devra protéger tout au long de son existence.
Les bénédictions achevées, débute alors la Grande Chasse. Les meutes de Syrvana investissent, à une vitesse fulgurante et avec une puissance quasi-dévastatrice, les sous-bois alentours, dans une traque qui ne s’achèvera qu’au crépuscule. Tandis que les guerriers et les chasseurs disparaissent, les chamans et les herboristes préparent la Grande Transe.
Laissant les plus jeunes se disperser pour des courses ou des défis, escaladant les plus grands arbres et s’essayant à l’arc, les anciens du culte forment le Cercle de la communion. Silencieux et reliés les uns aux autres en esprit, ils se libèrent de leur enveloppe charnelle pour ne plus former qu’un seul et même esprit, une seule et même âme, avec le reste de la Forêt. De leur voyage, ils ramèneront des impressions de plénitude et de grandeur, des instants d’omniscience et une profonde compréhension de la nature de chaque être.
Chez les adeptes de Syrvana, tout est passion. S’ils ne se laissent pas dominer par la rage comme leurs cousins primaux, ils ne vivent pas moins à l’instinct, se laissant guider par leurs sens et leurs envies. Les joies et les peines sont profondes et sincères, les amitiés indéfectibles, et les trahisons tiennent du blasphème. La Nature ne fait pas de concession, elle aime et protège les siens de toutes ses fibres, détruisant sans une once de pitié quiconque attenterait à sa progéniture. Le coeur de Melitis bat au même rythme que celui des loups et es elfes, des arbres et des biches, et de toutes les âmes de sa forêt.
Et c’est sur ce rythme qu’au clair de lune, après un immense banquet issu des fruits de la Grande Chasse, débute la Transe. Chacun à leur manière, les chamans rendent hommage à leur esprit protecteur et protégé. Puis les herbes et les plantes dénouant les attaches commencent à brûler, emplissant la voûte de parfums tantôt entêtants, tantôt subtils, ouvrant les sens à de toutes nouvelles perceptions. Dans ces volutes de fumée, les chamans montrent des visions apaisantes ou cauchemardesques, de grands tableaux ou des images brèves se succédant rapidement, selon leur vision propre des volontés des esprits. S’approchant du feu central, Melitis jette une poignée de graines sur les braises rougeoyantes, tandis que les chamans se rapprochent d’elle et que les peaux des tambours commencent à vibrer.
La Mère des Loups entame alors sa danse, et, dans l’entrelacs de ses mouvements, sa meute chamanique se met à bouger. Une mélopée sourde leur échappe peu à peu, des ondulations vibrantes qui prennent le cercle aux tripes. Puis le rythme s’accélère. Chaque danseur suit sa propre voie, sa propre gestuelle. Certains ne bougent quasiment pas, tandis que d’autres enchainent les acrobaties. Au centre, Melitis semble scander le rythme avec chaque parcelle de son corps. Le chant rauque qui s’échappe de sa gorge est repris en sourdine par les loups de l’assistance. Et tous les tambours continuent à accélérer, les mains frappent les peaux comme les pieds frappent le sol. Le regard des chamans est déjà dans un ailleurs, dans une proximité avec la Mère que seuls eux atteignent.
Le rythme continu encore et encore à accélérer, les chamans s’affaissant les uns après les autres à même le sol, la Transe ayant consumé chaque parcelle de leur énergie. Et Melitis continue à danser. Elle continuera toute la nuit, tant qu’il y aura un adepte pour maintenir le rythme, ce lien avec les coeurs de ses enfants. Lorsque tous seront endormis, elle disparaitra alors, dans les lueurs de l’aube, laissant son peuple renaître comme la Nature, l’âme des chamans emplie de puissance et de prophéties.